Appel à communication

Nous lançons un appel à communications dont l’objectif consiste à tirer des enseignements des JOP Paris 2024 en positionnant les réflexions à juste distance entre des postures militantes, idéalistes et/ou résolument critiques, observées à différents niveaux d’échelle, du global au local. Il s’agira de questionner, d’analyser et d’apporter un regard critique et constructif sur l’impact/l’effet des JOP Paris 2024, notamment sur le développement des APSA en France. Plus globalement, il conviendra d’en identifier les enseignements au regard des objectifs affichés par les organisateurs, mais aussi par les instigateurs et instigatrices des politiques sportives, plus ou moins relayés par l’ensemble des acteurs et actrices participant à l’action publique. 

Dans quelle mesure les connaissances développées par les SHS, incluant les outils à disposition (à la fois conceptuels et méthodologiques), permettent-elles de penser, accompagner et évaluer les effets multiples et complexes des JOP à toutes les étapes (avant, pendant et après) d’un processus assurant la promotion des APSA ? Quelles perspectives originales en matière de recherche et d’action publique, sur les enjeux de société soulevés et questionnés, ce congrès pluridisciplinaire est-il susceptible d’ouvrir ? Peut-on envisager les débats scientifiques autour des enseignements des JOP comme support à la réflexion et à la construction de regards interdisciplinaires, tout en ouvrant la réflexion à des démarches de « sciences avec et pour la société » portant l’ambition d’amplifier les interactions entre la sphère académique et l’ensemble des citoyens et citoyennes ?

Afin de favoriser les approches transversales, nous encourageons vivement les communicantes et les communicants à échanger au sein des différentes communautés des SHS du sport (par exemple entre sociétés savantes) en vue de soumettre des propositions de symposiums. Le comité scientifique sera particulièrement attentif à cet effort de regroupement et de structuration.

L’appel à communications à visée pluridisciplinaire s’articule autour de six axes.

 

Axe 1 : Promesse d’éducation, d’inclusion et d’intégration sociale

Cet axe invite à réinterroger les discours, les programmes et les dispositifs qui accompagnent l’idéal d’un sport envisagé comme facteur d’éducation et/ou d’inclusion. Les analyses attendues questionneront les politiques menées, les modèles d’encadrement des publics concernés, les contenus de formation des intervenants et des intervenantes dans le champ des pratiques physiques, sportives et artistiques, les dispositifs d’enseignement proposés, ainsi que les démarches et les outils technologiques, didactiques et pédagogiques mis en œuvre dans les secteurs de l’éducation, de l’entraînement ou de l’animation.

Les communications pourront analyser les dispositifs d’accompagnement des grands événements sportifs en direction des publics dits « vulnérables » ou « spécifiques », les politiques de prévention, d’animation, d’insertion par les APSA dans les territoires urbains et/ou ruraux considérés « en difficultés » ou encore l’Éducation Physique et Sportive (EPS) scolaire et périscolaire, comme leviers de développement des pratiques et de diffusion d’une culture sportive. Elles pourront notamment questionner la diversité des cultures professionnelles mises en jeu par les politiques d’éducation et d’inclusion.

Axe 2 : Activités sportives et corporelles pour la santé et le bien-être : bienfaits et limites 

Dans une perspective de santé globale, cet axe conduit à questionner les liens entre les pratiques sportives/corporelles et la santé. Si les bienfaits de ces activités sont reconnus et établis, cet axe vise à décrire et comprendre les mécanismes à l’œuvre, la mise à l’agenda politique, les institutions impliquées et les dispositifs déployés. Il invite également à interroger les différentes formes d’injonctions mais aussi les expériences et perceptions des populations ciblées. 

Les thématiques envisagées pourront explorer les questions d’accessibilité, d’adhésion et d’expérience, de changements d’habitude ou d’éducation à un mode de vie plus « sain ». Les communications pourront porter sur les actions mises en œuvre en matière de prévention et de soin, sur des dispositifs innovants, mais aussi sur le gouvernement des corps et/ou des conduites. Elles s’intéresseront aux populations « fragiles » et/ou stigmatisées, en lien avec le handicap, l’âge, le poids, ou les maladies chroniques, en prêtant une attention particulière aux inégalités sociales de santé. Les impacts négatifs du sport sur la santé physique et/ou mentale (e.g., addiction, dopage, exclusion ou violence) pourront être étudiés. Plus globalement, les travaux présentés interrogeront les dimensions du corps et du bien-être pouvant s’intégrer dans une perspective One Health (e.g., thérapies non-médicamenteuses, pratiques non conventionnelles de soin).

Axe 3 : Accompagnement de la performance sportive des athlètes et para-athlètes

L’ambition d’excellence sportive est au cœur du programme olympique et paralympique. Elle a pu donner lieu à des collaborations entre monde académique et monde sportif en vue de l’optimisation des performances. Cet axe engage un questionnement sur les modalités de mise en œuvre de la préparation à la performance sportive, ainsi que sur les formes d’organisation du sport de haut-niveau et sur les partenariats originaux qui ont éventuellement été déployés à cette occasion. 

Les analyses pourront porter sur les conditions de la réussite sportive, les modèles d’entraînement proposés, les structures dédiées à la formation, l’organisation du « triple projet » (sportif, scolaire/professionnel, personnel) et ses effets, l’évolution des pratiques (de l’accession au haut niveau jusqu’à la très haute performance), les innovations, techniques,  technologiques, organisationnelles ou de service, leur diffusion, puis leur transmission au-delà du sport de haut niveau.

Axe 4 : Développement et transformation du tourisme et des loisirs sportifs

L’ambition des JOP de Paris 2024 était aussi de capitaliser sur cet événement d’envergure internationale pour inciter les populations à s’adonner aux loisirs sportifs, et développer le tourisme qui leur est associé.

Ainsi, plusieurs entrées seront proposées dans cet axe. Il s’agira d’abord de considérer les questions relatives à l’émergence de nouvelles formes de loisirs et de tourisme sportifs (itinérance), à leur transformation et à leur diffusion dans un contexte marqué de forts enjeux économiques et sociaux, par l’existence d’effets de mode, et enfin par les contraintes (et parfois opportunités) liées à la transition écologique. Les spécificités du tourisme lié aux « méga-événements sportifs » pourront être abordées. Seront également considérés les espaces de pratique des loisirs sportifs, leur partage, leurs usages ou les formes de valorisation dont ils font l’objet, à l’instar de ceux hérités des JOP (accessibilité pour les personnes en situation de handicap, baignabilité de la Seine, transformation d’équipement, etc.). Enfin, les problématiques de gestion et de mise en marché des espaces / offres de loisirs et de tourisme sportifs seront soumises aux observations et analyses des chercheur·se·s. Dans ce contexte post JOP, que reste-il des stratégies marketing, de communication, de labellisation et des dispositifs visant le développement des loisirs sportifs comme héritage social ?

Axe 5 : Construire et comprendre l’après Jeux : des questions patrimoniales au rôle de l’action publique

Cet axe entend questionner la pluralité de l’héritage patrimonial des JOP de Paris 2024, matériel (équipements et infrastructures) et immatériel, et le rôle de l’action publique dans ce secteur. Les dispositifs et/ou labels visant à encourager la pratique sportive et de loisirs pour tous et toutes, seront interrogés. Leur évaluation et leurs différents usages pourraient constituer un angle d’analyse pertinent, pour questionner l’ambition affichée de « Faire Nation » ou d’adopter une posture de « Nation sportive », à travers l’étude du sens et du rôle attribués aux espaces sportifs métropolitains et ultra-marins.

La valorisation, la création ou la restauration de lieux de mémoires olympiques et sportifs par l’organisation des JOP 2024 (stades, village olympique, pistes d’athlétisme, etc.) pour la démocratisation et/ou massification des sports et de pratiquantes et pratiquants, peut s’analyser au regard de la constitution de cet héritage patrimonial. Les valeurs et symboles qui accompagnent la représentation de la « Nation sportive » pourraient être analysés à travers le devenir des équipements, leur durabilité, leurs usages sociaux, leur (ré)exploitation, pendant et après les JOP, au-delà du sport de performance.

Axe 6 : Mobilisations, résistances, controverses

Cet axe ambitionne de s’intéresser aux controverses qui traversent régulièrement le sport et l’olympisme, et aux formes de résistances, contestations ou encore mobilisations dont ils font l’objet. Celles-ci peuvent interroger non seulement les pratiques mais aussi leurs socles idéologiques et symboliques, se confrontant ainsi aux visions unanimistes et apolitiques du sens commun par la production de tensions et problématiques nombreuses (dopage ; santé ; handicaps ; éthique ; corruption ; héritage ; impacts économiques et écologiques ; inégalités salariales et concurrentielles ; discriminations raciales, des minorités de genre et/ou de sexualité ; traitement des migrants employés (il)légalement sur les chantiers ; expulsion des migrants et des sans-abris ; exclusion sociale ; usage des technologies ; surveillance, etc.). Les communications pourront s’intéresser aux actions contestataires, reflet des synergies et conflits d’intérêts individuels, collectifs, communautaires, d’organisations sportives non-gouvernementales ou étatiques, à différents niveaux d’échelle (locale, nationale, internationale).

Cet axe vise à analyser l’organisation et la médiatisation d’événements internationaux sportifs et olympiques, en tant que fenêtre d’opportunité et relai des enjeux des acteur·rice·s impliqué·e·s. Les communications s’intéressent ainsi aux tensions qui accompagnent les messages sociaux, culturels, politiques et économiques, dépassant les milieux sportifs et olympiques, dont sont porteuses les mobilisations, les résistances et les controverses en tant qu’expression de multiples revendications.

 

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